J.290

J’entends que seul on ne peut rien, on ne peut pas lutter, plusieurs fois ces dernières semaines. C’est comme quand tu veux acheter une voiture bleue, tu ne vois plus que des voitures bleues partout. Mais je n’ai pas envie de compagnie, surtout pas en ce moment quand je vois ce que la compagnie peut faire comme dégâts.

Si je me suis intéressé à l’alchimie un moment c’est à cause du sentiment très fort que j’avais perçu alors concernant sa nature paradoxale. Le paradoxe est à l’origine sans doute de ce je peux nommer parfois la créativité. Enfin, n’est-ce pas ainsi que fonctionne tout ce qui nous entoure ? le paradoxe c’est un assemblage bizarre, imprévu, de forces qui normalement n’ont rien à se dire. Entendu que normalement est une volonté tout à fait paradoxale de désirer du stable dans le mouvant.

Donc je suis seul, c’est un fait. Et plus je suis seul plus je me sens avec tout le monde voilà un second fait. Donc, cela me parait tout à fait saugrenu de courir vers qui que ce soit pour dire par exemple hé tu n’es pas seul je suis là. Totalement saugrenu.

Sauf qu’apparemment il n’y a que moi qui pense comme ça.

Les autres pensent sans doute autrement qu’ils sont seuls. Et pourquoi chercher ce que signifie autrement dans ce cas puisque je suis déjà dans l’autrement à cent pour cent, qu’on me présente n’importe quel autrement, il ne me sera pas étranger.

Je ne suis d’accord avec personne à cent pour cent non plus pour exactement la même raison. Si j’étais d’accord avec un seul ce serait comme mettre un terme à l’infini. Alors il n’y aurait plus aucune possibilité d’éternité, c’en serait fini de tout.

J’écris dans le bureau les volets mi-clos, la lumière au delà est presque palpable, mais justement elle l’est beaucoup trop.

La chatte vient parfois s’allonger sur la table de l’atelier quand je peins, elle me regarde les yeux mi-clos, deux solitudes peuvent ainsi se tenir en respect.

Les gens, c’est à dire toi et moi, pensent souvent que les couleurs vives sont synonymes de gaieté , c’est bien possible, mais je préfère penser que ce sont seulement des couleurs vives sinon je pourrais vite songer qu’elles sont aussi synonyme d’une douleur insupportable, paradoxalement.

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